« La fête à Fred » ou La crise de la quarantaine le 3 mai à Saint-Girons

Publié le par Côté cour, côté jardin …

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Le jeudi 3 mai à 21h00

Salle Max Linder – Saint-Girons

Soirée J1

 

« La fête à Fred » de Manu Causse par la Compagnie Les Amis de Monsieur.

De Manu Causse

Avec Jean-Paul Bibé

Mise en scène Corinne Calmels

 

Fred doute.

Là-haut, dans la montagne, où toute la famille se réunit chaque été, Fred se demande.

Il se demande ce qu’il fait là. Il se demande qui il est, qui il aime, qui il deviendra.

Il se demande s’il boit trop, ou pas assez. Alors il reprend une bière, pour oublier.

Un one-man-show où apparaissent entre autres et tour à tour Hamlet, un rugbyman, des pères, une déesse blonde, des emmerdes, le dieu de la Fidélité du Norkménistan, des hollandais bavards, Gilbert Montagné et un couleur occitan.

Et un type amoureux, bien sûr.

 

« La fête à Fred » ou La crise de la quarantaine

 

Quelle est la différence entre les vivants et les morts ? Les uns sont sur terre, les autres sous terre, me direz-vous. Hors de cette considération, la différence entre les premiers et les seconds existe-t-elle vraiment ? Voilà un thème cher à Manu Causse, l'auteur de la pièce La Fête à Fred, que reprend une ixième fois la Cie Les Amis de Monsieur, cette semaine au Théâtre du Chien Blanc.
Mort, ou plutôt sous perfusion, Fred l'est depuis plus d'une dizaine d'années. Il rêvait d'être comédien. Il est devenu directeur artistique, plutôt fonctionnaire de la culture avec son petit bureau comme scène de théâtre. Il rêvait du grand amour. Il est devenu père de deux enfants, fidèle à Françoise, cette compagne avec laquelle il s'entend bien depuis le début, qu'il aime tièdement et à qui il dit tout. Sauf que cette fois-ci, tout dire ne lui a pas réussi. Et Fred se retrouve seul avec ses enfants à la grande réunion annuelle de la tribu familiale.

Et quelle famille ! Avec ses petites rancoeurs, ses jalousies, ses déchirures et ses petites haines. Et toujours les mêmes histoires d'une année à l'autre, les mêmes visages, les mêmes envies, les mêmes commentaires. Une sorte de petit musée Grévin où les règles sont figées dans le marbre, la famille exige que chacun, selon son rang et sa place, agisse comme il se doit. Ce que Fred a toujours fait au point de refermer sur lui, sans s'en rendre compte, le couvercle de son propre cercueil. Mais la vie est plus tenace qu'on ne le croit et va lui remettre la main dessus.

 

C'est quoi la vie ?

 

Avec un humour caustique, nourri de désespoir, Fred nous entraîne dans ses interrogations au cours d'une soirée bien arrosée avec la tribu familiale. En crise, il est. Parce que sa vie réglée comme du papier à musique est tout à coup perturbée par le retour d'un amour impossible. Lui qui croyait avoir tout oublié et être à l'abri de tout se retrouve projeté dans les affres de cet amour d'antan, en pleine crise de la quarantaine.

Après avoir exploré les amours impossibles à la trentaine, dans son premier recueil de nouvelles, Petit guide des Transports à l'usage du trentenaire amoureux, Manu Causse revient dans cette pièce à la même source, mais avec un personnage de la quarantaine. Le texte est enlevé, vif, pétillant, caustique et plein de tendresse. L'air de rien, il nous renvoie en pleine figure la seule question, finalement, que chacun se pose : qu'est-ce qui fait de nous des êtres vivants, et bien vivants ? Autrement dit, c'est quoi la vie ?

De la vie, le comédien qui joue Fred, Jean-Paul Bibé, n'en manque pas. Il passe avec brio du monologue à des échanges ubuesques avec un cousin rugbyman, une bimbo évaporée, le dieu de la fidélité du Norkménistan, Hamlet... Il est, bien sûr, tous ces personnages qu'il incarne avec une véritable justesse et une aisance déconcertante, instillant chaque fois beaucoup de drôlerie et de tendresse. À tel point qu'on ne le quitte jamais des yeux un seul instant, le regard captivé par ses moindres gestes et paroles.

Captivante l'est aussi la mise en scène de Corinne Calmels. Rendre un monologue vivant n'est pas, loin s'en faut, un exercice des plus faciles. Incontestablement, le metteur en scène a dépassé la difficulté haut la main. S'appuyant d'abord sur la belle énergie de son comédien, elle anime aussi la scène avec une chaise qui remplit des fonctions inattendues et un jeu de lumières subtil, créant l'illusion de la nuit, de la pénombre comme de la lumière éblouissante du jour, à l'instar des états d'âme du personnage. Simple, efficace et beau à la fois.

 "C'est con la vie, des fois", dit Fred au tout début du spectacle. C'est con le spectacle, des fois, mais Dieu que c'est beau quand il est réussi. La Fête à Fred est de ceux-là.

Florence Guilhem

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Information :

Service culturel ville de Saint-Girons

(05) 61 04 03 20

service.culturel@ville-st-girons.fr

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