Le 31 janvier à La Bastide de Sérou : « Nana » d’après Emile Zola

Publié le par Côté cour, côté jardin …

NANA c DR 2

Vendredi 31 janvier 2014 à 20h45

à La Bastide de Sérou –  Salle Jean Nayrou

Avec Céline Cohen, Régis Goudot, le groupe Ex Abrupto

 

Jouant de son corps, Nana exploite le désir de l’homme jusqu’à sa perte

Nana, un des romans les plus populaires de la série des Rougon-Macquart, les plus controversés aussi, qui s’attira toutes les foudres à sa parution. Il met en scène une multitude de personnages qui gravitent autour de la jeune fille qui se lance à corps perdu dans la prostitution. Comment rendre compte d’un tel foisonnement d’intrigues et de situations avec un minimum de moyens et deux acteurs ? Céline Cohen et Régis Goudot n’ont pas froid aux yeux. Pari audacieux, pari réussi qui recentre le propos sur Nana elle-même, délaissant certains personnages pour mieux se concentrer sur ce que sa complexité trahit de son intimité, de ses coups de tête et de cœur, moins intempestifs qu’ils n’y paraissent. La fille de Gervaise est dévorée d’ambition, prête à tout pour quitter le cloaque de son enfance. Elle se brûlera les ailes au fur et à mesure que s’obscurcit l’horizon et qu’elle réalise, inconsciemment, que jamais elle ne fera partie de la classe dominante.

Céline Cohen campe une Nana à la fois terrienne, frivole, survoltée, fille des rues et de joie qui ruine ses amants jusqu’à sombrer, elle aussi, dans cette spirale de l’échec annoncé.

La comédienne parvient à rendre compte de sa force comme de sa fragilité. Régis Goudot endosse bon nombre des rôles masculins avec un naturel bluffant, passant d’un personnage l’autre par un geste, une inflexion de voix qui donnent un aperçu de son talent. Tous deux poussent la ritournelle, la chanson réaliste au son de l’accordéon

Au-delà du jeu, l’adaptation et la mise en scène au cordeau de ce spectacle rendent compte de l’univers de Zola, tout en relatant les événements dans la fulgurance de l’instant. Tout est mis sur le même plan : le succès, l’amour, le désaveu, la guerre…rien ne semble important hormis le besoin forcené de survivre et les futilités du moment.

Avec les critères d’aujourd’hui, Zola apparaît empreint d’un moralisme quasi puritain. Il ne cherche ni à excuser, ni à sauver Nana qui fait de son sexe une arme qui, du moins l’espère-t-elle, la sortira de la misère. Catin flamboyante, à l’ascension sociale fulgurante, malgré son acharnement à réussir. Nana reste pour son auteur une “brave bête”, sans conscience, menée par une fatalité inexorable et punitive qui finit par avoir raison des plus coriaces.

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